J8: première journée à Louxor

Petit-déjeuner copieux à l'hôtel El Fayrouz: thé, café, lait, crêpe ou cake, pain, fromage, confiture, oeufs, riz au lait ou m'hallabiya (dessert oriental), banane. On n'a pas de télé dans la chambre mais on demande aux serveurs la situation. On a entendu des coups de feu dans la nuit. On nous explique que les gens des environs sont tous armés. Des voyous ont essayé de cambrioler les sites historiques mais les jeunes se sont tous mobilisés pour les empêcher de voler quoi que ce soit. Des histoires comme celle-ci, on les entendra tous les jours pendant notre séjour sur la rive ouest. Parfois, des voyous ont essayé de cambrioler les sites, d'autres fois, ils ont essayé de s'attaquer à la maison d'un européen en voyage. On nous dit qu'on ne risque rien chez eux. Ils ont les moyens de se défendre et de défendre leurs invités.

On veut d'abord aller à la gare pour acheter des billets pour Assouan. On reprend le ferry vers la rive est. Cette fois-ci, je donne 0,50 LE pour nous deux. Et on nous laisse monter dans le ferry. A la gare, on nous annonce que tout est à l'arrêt: les trains, les avions, les bus. Rien ne fonctionne. Et ce, pour une durée indéterminée. Les manifestations continuent au Caire, en Alexandrie et toutes les grandes villes. On arrive à regarder quelques images d'Al Jazira en achetant de l'eau chez un épicier. On parle de tués et de blessés. Notre famille s'inquiète et nous appelle. On les rassure, on leur dit que tout est calme à Louxor mais ils ne nous croient pas.

On se dit qu'on risque de rester ici encore quelques jours. On est encore fatiguées de la journée de la veille. On décide de rentrer à l'hôtel. On fait notre lessive, de la lecture. On essaie de glâner des infos aux employés de l'hôtel. Internet est toujours bloqué. Mais on a au moins le téléphone. On pense à la tournure des évènements, aux gens qui se font tuer. Et si la révolution n'aboutit pas, des millions de personnes risquent de payer encore longtemps les pots cassés.

Le soir, on sort se dégourdir les jambes du côté de l'embarcadère.